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Présentation de la Fondation du Chalet du Crêt de la Ville par Monsieur Jean-Pierre Doutaz, président,
syndic de Gruyères


Financer le Chalet du Crêt de la Ville à Gruyères, c’est faire un pas vers la rencontre. Un premier pas qui va unir les habitants et les ressortissants de la Commune de Gruyères dans ce lieu mythique du Crêt de la Ville, tel que le prévoit le but de la Fondation.


Financer le Chalet du Crêt de la Ville, c’est faire un deuxième pas en traversant les couloirs du temps pour un autre type de rencontre; celui de la conservation du patrimoine alpestre. Comme l'attestent les archives de la commune de Gruyère et les registres du Conseil communal, les comptes de 1690, 1720 et 1820 font apparaître la construction, puis les réparations de notre chalet. Une analyse dendrochronologique réalisée en 1991 par le Laboratoire du Musée cantonal d’archéologie de Neuchâtel, complétée en 2009 par 18 nouveaux échantillons prélevés par le Laboratoire romand de dendrochronologie, confirment l’ancienneté de cette construction et justifient aujourd'hui les efforts entrepris et à entreprendre encore pour son sauvetage et sa conservation.

Nos ancêtres n’ont en effet pas ménagé leurs peines. A l’image du gouverneur Antoine Gachet, du " maisonneur " Frantz Joseph Gachet ou du charpentier Pierre Bussard qui, un 1er décembre 1719, se sont rendus au chevet du Chalet du Crêt de la Ville pour répertorier les soins à lui apporter. Après un plan dressé par le curial François-Pierre-Emmanuel Gachet et au terme de nombreuses contestations, on finit par s’entendre sur un prix en mars 1720, soit: 206 écus petits, l’équivalent à cette date d’une trentaine de gruyères négociés un peu en-dessous de 7 écus petits la meule.

Durée des travaux : 588 jours !

Et aujourd'hui ? Faut-il s’arrêter là ? Faut-il abandonner la tradition d’entretien  scrupuleuse et méthodique qui a prévalue à la destinée de ce chalet ? Non, puisque nous touchons ici à l’exceptionnel. Nous sommes loin de l’image d’Epinal d’une architecture sans architecte, poussée cahin-caha au gré d’un savoir ancestral transmis de bouche à oreille. Comme pour tout bâtiment public, l’autorité et ses fonctionnaires, à travers les âges comme en témoignent les archives communales, ont discuté de l’implantation de ce chalet vital à l'économie alpestre. Ils ont fait dresser des plans et des devis, établi des soumissions, négocié avec les artisans, signé des contrats, nommé une Commission de bâtisse et sollicité en final deux spécialistes pour contrôler la bienfacture de l’ouvrage et établir une reconnaissance provisoire des travaux.

Une démarche étonnante de modernité en parfaite adéquation à celle qui nous est contemporaine et dont le Conseil de Fondation du Chalet du Crêt de la Ville entreprend aujourd’hui.

Du haut de sa modernité précoce, du haut de ses 1127 m d’altitude, à l’extrémité de la crête nord-est du Moléson, sur une terrasse au confluent du Rio de Ratvel et de l’Albeuve, dominant la cité de Gruyères et s’ouvrant sur un magnifique panorama, le Chalet du Crêt de la Ville nous regarde. Il a plus de trois cents ans, nos ancêtres ont osé entreprendre sa construction; aujourd'hui, nous avons la mission de sauvegarder ce magnifique patrimoine et nous chanterons demain, le dernier couplet du "Vieux chalet" de l'abbé Bovet: "Là-haut sur la montagne, l'est un nouveau chalet"